Saint-Brieuc fait renaître sa course …

… pour saluer l’inventif Lucien Rosengart

Ce dernier week-end du mois d’août, c’est devant les bâtiments qui portent son nom sur le port du Légué, à Saint-Brieuc, que sera donné le départ de la Coupe Florio. Une course de côte et un concours d’élégance automobile sont au programme.

En 1927, Lucien Rosengart avait organisé cette fameuse coupe à Saint-Brieuc, et ses voitures de course, selon les gazettes de l’époque, avaient rassemblé plus de 200.000 spectateurs dans la côte de Langueux. Presqu’autant qu’à nos 24 heures du Mans !

La vie de Lucien Rosengart est tout aussi trépidante que celle de cette fameuse course, dont l’Italie ne voulait plus, et qu’amoureux des Côtes-du-Nord, il avait ramenée en Bretagne. Né en 1881, à Belleville d’un père forgeron, il avait obtenu un CAP de mécano à 12 ans et s’était rapidement révélé comme un bricoleur de génie au point qu’un peu avant la Grande Guerre il avait créé sa propre usine d’outillage automobile. Il y fabriquait les tout premiers boulons inoxydables, dont le brevet lui assurait une belle notoriété.

Rosengart s’intéresse aussi aux phares et aux batteries des premières voitures, si bien que ses ateliers deviennent incontournables. L’infatigable inventeur se lance encore dans l’armement , et c’est à Saint-Brieuc qu’il installe une usine de fabrication de fusées et d’obus. Sa renommée le fait remarquer par André Citroën et Armand Peugeot, deux amis qui le conduisent à se passionner encore plus pour l’automobile, au point de créer sa propre marque « Rosengart » dont l’emblème est une rose !

Inventeur du baby-foot

Vers 1930, il crée la « Super 5 » (notre photo) une petite voiture qui connait un grand succès au sortir des Années Folles, et juste avant la seconde guerre mondiale ses entreprises comptent plus de 6.000 employés.

Entre temps, ce « Géo Trouvetou » se prend de passion pour le sport nautique et sa lance dans la production de canots automobiles. Dans la foulée, il crée à Paris, ce qui est aujourd’hui devenu le salon nautique. La station balnéaire des Sables d’Or, entre Saint-Brieuc et Erquy, doit aussi sa naissance à Lucien Rosengart, qui y entraînait sur les dunes les prototypes de la fameuse « Croisière jaune Citroën ».

Il s’intéresse aussi au vélo pour lequel il invente un moteur électrique. Il dépose le brevet du catadyope pour que le deux-roues soit vu de nuit. On lui doit même l’invention du…babyfoot, un jeu dit-on, qu’il imagine pour occuper ses petits enfants par temps de pluie ! On lui attribue encore l’invention de la ceinture de sécurité, de la scie à moteur et du chargeur de batterie….

Dans sa vie il aurait déposé plus d’une centaine de brevets. Mais au final, c’est la peinture qui a occupé ses derniers moments, avant sa mort en 1976 près de Nice où il s’était retiré.

Patrick le Nen //