Lucien Rosengart et le Plan Pons

 

A la libération, les matières premières et énergies furent sous contrôle des ministères, au point de donner aux administrations un poids très important sur les entreprises. Paul-Marie Pons (1904-1962), directeur adjoint des industries mécaniques et électriques au ministère de la Production industrielle, qui visiblement ne croyait pas en l’initiative privée, mit en place un important plan quinquennal qui fut un tournant pour l’industrie automobile française.

L’État ne se contenta pas de fixer les prix et les salaires : il attribua, à chaque constructeur, la fabrication d’une catégorie de véhicules selon les matières premières disponibles et accordées. Citroën devait fabriquer uniquement des voitures haut de gammes destinées à l’élite du pays, la Citroën Traction Avant devenant ainsi la voiture la plus vendue en France en 1947 et 1948.

Peugeot devait construire uniquement des automobiles milieu de gamme destinées à la petite bourgeoisie et la Régie Renault, uniquement des voitures bas de gammes destinées au peuple.

La société Générale Française de construction Automobile (GFA), créée en 1941, regroupant les marques Delahaye-Delage, Laffly, Unic, La Licorne, Latil, Saurer et Hotchkiss, puis en 1943, Delahaye-Delage, Laffly, Unic, Bernard et Simca manifesta son mécontentement. De l’acier lui fut finalement attribué ce qui sauva la récente société Simca. Les autres constructeurs durent se débrouiller, Panhard adoptant la carrosserie en aluminium reposant sur un châssis en acier. Ils dépensèrent énormément d’énergie, de ressources humaines et financières. Ils étaient condamnés à termes, car ils n’investissaient plus en Recherche et Développement, ni dans les machines-outils.

Lucien Rosengart fit des démarches pour démontrer que la Rosengart Super Trahuit – issue de la Rosengart Super Traction LR539, mais équipée d’un V8 Mercury – pouvait rapporter des devises en étant exportée aux Etats-Unis, en prenant la place laissée vacante par la CORD. Il n’eut gain de cause. L’usine vécut alors essentiellement de travaux de sous-traitance notamment pour Ford S.A.F.

ROSENGART Super Trahuit

C’est Citroën qui mit à mal le Plan Pons, le 7 octobre 1948, en présentant le bijou, la Citroën 2CV, conçue par les deux compères André René Lefèbvre et Flaminio Bertoni. Une véritable merveille de technique : traction, bicylindre à plat refroidi par air, boîte à vitesses 4 rapports à embrayage centrifuge, 4 roues indépendantes, freins hydrauliques sur les 4 roues. Son prix d’acquisition, sa fiabilité et sa maniabilité étaient ses trois atouts. Les motocyclistes purent enfin s’offrir une automobile en gardant éventuellement leurs motocyclettes en tant qu’objet de passion. La Régie Renault rétorqua fin 1950 avec la jolie Renault Frégate, sous-motorisée lors de son lancement.

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